La Nette rousse (Netta rufina)

Antoine Cubaixo votre guide ornithologue au Lac du Der
Nette rousse (Netta rufina) et Foulque macroule (Fulica atra)

L'espèce est visible au Lac du Der en Champagne (France) et dans ses environs proches toute l'année.

Ce "Canard espagnol", c'est un de ses synonymes, en raison du fait que c'est dans ce pays que la majorité des Nettes rousses d'Europe occidentale se reproduisent.

Il a un statut de migrateur, hivernant et nicheur dans notre région.

 

 

Vidéo et photos du 23 mars 2017 dans les environs proches du Lac du Der.

Le récit ci-dessous a été rédigé par un ami naturaliste qui souhaite conserver l'anonymat, et que je remercie très chaleureusement.

Certains passages (...) ont volontairement été supprimés pour réserver l'exclusivité des sites d'observations à mes visiteurs.

Nous approchons, Antoine et moi, le plus discrètement possible la rive (...). En dépit de ces précautions, les foulques méfiantes s’éloignent dans un tumulte de battements d’ailes et de coups de battoirs sur la surface de l’eau qui soulèvent des gerbes d’éclaboussures.

A l’instar des judelles craintives, tous les hôtes de l’étang trouvent refuge en bordure de la rive opposée. Par bonheur, cette dernière n’est pas très éloignée, et nous repérons sans difficultés, quelques nettes rousses mâles dont le plumage polychrome contraste avec l’habit de deuil des foulques.

Au fur et à mesure que passent les minutes, nous nous fondons progressivement au sein de la végétation riveraine. Les résidents du lieu, oubliant leur effroi, vaquent de nouveau à leurs occupations.

Quelques nettes se rapprochent. Mon regard est chevillé à la tête rousse, à géométrie variable des mâles. Ces superbes anatidés expriment leurs émotions, leurs intentions par une modulation du volume de celle-ci.

Un dominant vient-il à croiser le chemin d’un concurrent et voilà son capuchon qui se dresse. Sa tête difforme arbore alors un fondu progressif, depuis le roux clair de la calotte jusqu’au cuivré de la base du bec ; et au milieu de ce dégradé de couleur rousse, le cercle rouge sang de l’iris de cet œil immobile, fixe.

Cette exubérance occulterait presque son bec rouge vif, longuement conique, crochu et décoloré à l’extrémité.

Lentement, le canard vire et expose alors sa face, étroite, carénée, imperceptiblement rétrécie à hauteur des yeux ; et ce bec sang dont l’extrémité apparaît comme le point de fuite de l’épure des contours de la tête.

Malgré leur suffisance affichée, les nettes n’hésitent pas à tenter de dérober la pitance aux foulques, leurs voisines, plongeuses laborieuses et de taille plus menue. Antoine me dévoile leur tactique sur une courte séquence filmée quelques instants auparavant : sans se départir de son attitude hiératique le perfide voleur s’approche lentement, comme une embarcation qui court sur son erre ; puis tente de dérober subrepticement la becquée de myriophylles que l’ingénue est occupée d’ingérer. Cette rouerie se trouve quelquefois déjouée par la promptitude de la judelle à se détourner, conservant ainsi le fruit de sa récolte sous-marine.

Jamais le malicieux brigand ne se départit de sa suffisance, et donc, n’insiste pas si sa tentative de rapt n’est pas couronnée de succès. Aucune poursuite, nulle agitation ostensible, raisons qui pourraient expliquer la discrétion de ce comportement parasitaire qui nous a échappé au cours de notre observation, pourtant prolongée, du groupe d’anatidés.