Pie-grièche grise (Lanius excubitor)

Antoine Cubaixo votre guide ornithologue au Lac du Der
Pie-grièche grise (Lanius excubitor) Lac du Der le 23 mars 2017

L'espèce est visible au Lac du Der et en Champagne (France), mais c'est un oiseau rare de nos jours dans notre région et son observation est aléatoire, surtout à cette époque de l'année dans le secteur du Lac.

L'oiseau n'y nichant plus,le dernier cas de nidification certaine remontant à 1979,(Christian Riols in fca) nous avons donc exclusivement à faire à des individus en hivernage ou en halte migratoire, comme ce fut le cas ce 23 mars 2017.

En France, la Pie-grièche grise (Lanius excubitor) est considérée comme menacée.

Pour voir la vidéo, cliquez sur la photo ci-dessous.

 

Le récit ci-dessous a été rédigé par un ami naturaliste qui souhaite conserver l'anonymat, et que je remercie très chaleureusement.

Certains passages (...) ont volontairement été supprimés pour réserver l'exclusivité des sites d'observations à mes visiteurs.

 

 

La fin de la matinée et l’appel du ventre nous ramènent vers la voiture.

Alors que nous déballons nos vivres et nous préparons à déjeuner, un grand rapace,  planant à basse altitude, apparaît au dessus du bosquet auprès duquel nous sommes installés.

Ses larges ailes coudées, sa trajectoire louvoyante, son aspect dégingandé ; aucune hésitation possible, un milan royal s’approche.

Sa tête et son encolure argentée, le revers de ses ailes contrasté, marqué d’une large plage claire, sa queue rousse, mobile, se dévoilent à nos yeux admiratifs, alors qu’il poursuit nonchalamment sa route.

Son vol indolent trahit le charognard qui est certain de découvrir, ici, le hérisson écrasé sur la chaussée, là, les rogatons du sapiens repu ; le même qui ignore les accélérations fulgurantes et promptes.

J’envie secrètement sa désinvolture, en regardant s’éloigner, au milieu des gros cumulus gris poussés par un vent fort, ce frêle esquif dont le gouvernail roux fléchit sans relâche d’un côté puis de l’autre.

Ce même vent qui forcit lorsque les nuages gris occultent le soleil et nous gratifient de quelques gouttes de pluie, chahute la pie-grièche grise que nous découvrons postée sur un piquet de clôture en bordure du chemin.

Accroupie au faîte du poteau, le plumage ébouriffé, les ailes à moitié dissimulées dans les couvertures duveteuses des flancs, les longues rectrices noires étroitement serrées en une fine lanière gauchie par le vent ; elle attend patiemment la fin de l’averse.

Le soleil ne tarde pas à luire de nouveau, à se moirer sur sa poitrine dont les reflets changeants se déploient entre le blanc presque pur de la gorge et le gris sombre du ventre.

Bien que intégralement vêtue de gris et de noir, la grande pie-grièche n’est pas dépourvue d’élégance. Son bec noir, épais, crochu, prolongé sur les faces latérales de la tête par un loup de la même couleur qui s’élargit et s’étend loin en arrière de l’œil ; ses ailes fuligineuses rehaussées de deux miroirs blancs, sa longue queue sombre encadrée de deux rectrices immaculées en constituent les principaux atouts.

Soudain, elle se redresse, sa silhouette s’affine, elle incline la tête et disparaît sous le lacis de branches d’un fourré. Quelques instants plus tard, d’un vol circulaire, étalant aux regards ses ailes et sa longue queue contrastée, elle regagne son perchoir.

A plusieurs reprises, pendant un long moment de parfait bonheur, nous pouvons admirer sa chasse aux gros insectes terrestres, sa poursuite d’un papillon qui la conduisent de poste en poste à visiter le pourtour (...).

Espèce nicheuse régulière dans notre région, il y a quelques dizaines d’années encore, la rencontre d’individus de passage, tel que celui observé cet après-midi est devenue rare (...)